La cacherouth: quelques questions, quelques réponses
Un dossier préparé par K. Acher
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Rappel: K.Acher est une rédaction plurielle. Nous n'avons pas de "rabbin" en titre parmi nos intervenants, et pour vous faciliter la vie, nous vous suggérons de poser vos questions rabbiniques directement à une autorité compétente francophone, comme: soit le Rabbinat de votre ville, soit le Consistoire de Paris, le Rabbinat Loubavitch de France, ou le Rabbinat du Québec. Le Rabbin Pierre Yves Bauer , les questions rabbiniques du Beth Loubavitch de Paris, les Rabbins de cheela.com ou techouvot.com .

La cacherouth sans Rabbins?

Cher Cyril,
Nous avons bien reçu vos derniers courriers, l'un de décembre 05 avec copie de votre échange avec le Consistoire de Paris, et où vous nous parlez d'un certain nombre de produits fabriqués sous surveillance rabbinique alors qu'ils sembleraient être "cachers" même sans cette surveillance, à savoir nutella, mamie nova, la boulangère, kinder delice et aux USA: M&MS, mars….
Et le second du 8 janvier 06, avec copie de votre échange avec le service consommateur de "La Boulangère", qui vous écrit: " 1 - Les ingrédients utilisés pour les produits certifiés cacher ne sont pas différents de ceux utilisés pour nos produits. 2 - Nos lignes de fabrication sont bénies par le Rabin avant la fabrication."

Votre entreprise nous plait, d'autant que vous souhaitez faire partager au public consommateur de produits cachers le résultat de vos démarche. Tout ce qui peut faire avancer la cause de la cacherouth ici et ailleurs ne peut qu'attirer notre attention et nos applaudissements. Il est toutefois une limite, qui est celle de s'entourer de personnes compétentes en matière de cacherouth et donc de Halakha.
Nous allons si vous voulez bien analyser le courrier de la Boulangère. Pour noter d'emblée l'incompréhension que peut avoir une pigiste du service consommateur pour la cacherouth.
Le Rabbin n'est pas là pour "bénir" les productions!
Mais pardonnons lui, elle vit dans des bureaux et pas dans une usine.
Une usine? Non, deux. Au moins.
L'une, où "travaille" le Rav Poultorak, Rabbin de réputation orthodoxe, au dessus de tout soupçon, qui y surveille un pain de mie pour lequel il prend la peine de mentionner "Matières grasses végétales kacher (…) émulsifiant spécial kacher".
Cela signifie que cette usine peut utiliser des matières premières non cacher,
qu'il a cachérisé la ligne de production (lavage, chauffage, karcher),
qu'il a vérifié l'absence de toute addition d'un produit non autorisé (dans une usine où il peut y avoir des km de tuyaux et une foultitude de robinets automatiques qui délivrent le bon ingrédient au bon endroit et au bon moment, ce n'est pas du gâteau!).
Il a fait venir des ingrédients particuliers, non usuels dans cette chaîne de fabrication (n'en déplaise à la pigiste),
a placé un surveillant pour cela du début de la fabrication jusqu'à l'emballage et l'étiquetage),
a fait allumer le processus de cuisson par un juif.
Voilà pour le témoignage du service conso!

Dans la seconde usine, où opère un autre Rabbin, dont nous ne savons pas s'il est au dessus ou au dessous de tout soupçon, sont fabriquées diverses pâtisseries.
Ces produits ne sont pas "afiat Israël" c'est à dire cuits par un juif. Ce critère n'est de toute façon pas pris en compte par le Consistoire.
Ils contiennent du lait non surveillé. Ce critère n'est pas plus pris en compte par le Consistoire.
Ils contiennent de plus du lactose et du lactosérum, des protéines de lait, qui peuvent être des dérivés de fromagerie et seraient interdits selon les critères retenus pas le Consistoire.
Ils contiennent du rhum, pour l'un, des raisins "macérés dans des spiritueux" pour un autre. Là, tout le monde voit rouge. De même pour les matières grasses végétales, les émulsifiants, les mono et diglycérides contenus dans tel ou tel produit de cette usine.
De toute évidence, le Rabbin ne s'est pas contenté, (on l'espère), de "bénir" la production, et on ose espérer qu'il a vérifié l'origine de ces divers additifs, qu'il a cachérisé les chaînes ou s'est assuré qu'aucun produit taref n'est fabriqué entre deux campagnes de biscuits.
Pour admettre ce genre de produits dans une liste de produits autorisés en permanence, il faudrait une sérieuse visite d'usine, une pleine transparence des procédés de fabrication, et un contrat obligeant la direction de l'usine à communiquer – si possible à l'avance - toute modification des matières premières utilisées. Il faudrait aussi être sûr qu'entre deux fabrications de petits gâteaux la chaîne n'est pas affectée à la confection de produits complètement tarefs.

En ce qui concerne les autres produits mentionnés dans votre courrier.
Pour Mamie Nova, nous avions interrogé en 2004 le service conso, pour connaître les particularités des desserts lactés vendus sous l'étiquette "lait surveillé depuis la traite". Nous avions obtenu comme réponse:
"Les produits que nous commercialisons pour la communauté juives font référence à un cahier des charges que le rabbin vérifie lorsqu'il se déplace sur le site de fabrication."
Ce qui voudrait dire soit que la pigiste ne sait rien, soit que le rabbin s'amuse. Cette dernière hypothèse pourrait être la meilleure, puisque nos grandes oreilles nous confirmaient par la suite que les produits Mamie Nova n'avaient pas la grâce des Rabbins car contenant des ingrédients non conformes. Ce sujet a été développé dans nos Actualités de la cacherouth de 2004 et de 2005.
D'ailleurs les noms des Rabbins agréant les nutella, mamie nova, la boulangère, kinder delice sont l'objet de nombreux courriers–dont certains non publiés- quant à leur crédibilité, dans notre rubrique "questions réponses".
Cher ami, nous ne sommes à la solde d'aucune autorité rabbinique pour la défendre. Nous avons rêvé, nous aussi d'enquêter sur les produits cachers, mais il faut beaucoup plus qu'un mail pour sortir du maquis des embrouilles des services conso, de la pénombre distillée par certaines entreprises rabbiniques pour garder la main sur une usine ou voiler des mauvaises pratiques.
Si le cœur et le temps vous en disent, contacter Mamie Nova, Flodor, Haribo, Bahlsen et toutes ces usines italiennes et espagnoles sans nom dont les produits envahissent nos étals. Ou mieux contactez les Rabbins.
Bon courage.

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Traces de cacher
3 juillet 2012
Au sujet... d'un autre sujet.
Bonjour, CHER K ACHER
Ci joint vous trouverez deux photos assez interessantes que j'ai pu prendre chez mon supermarché cacher, concernant du poisson pané sous la surveillance de Rav Z.
En effet, on trouve une mention interessante : Allergènes Majeurs [...] traces de lait, Mollusques ??!!
Outre le fait que le poisson et le lait posent problème pour certains, pour ma part je n'en consomme pas, mais mollusques ...
En l'attente de votre lumière la dessus...
Kol touv !!

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Cher ami
Merci de votre courrier.
Vous avez noté sur les paquets de poisson pané du Rav Z la mention "allergènes majeurs" qui se rapporte à la composition et signale dans la composition des allergènes comme le blé et le poisson.
Puis une mention "traces de .. lait, mollusques etc" qui se réfère à la présence en quantités minimes de ces allergènes ayant résisté à un nettoyage en profondeur des chaines de fabrication.
Notre première approche des "traces de …" date de février 2011 (www.kacher.fr/ActuK2003.htm) .
Puis une trace de gag: Tortillas tortueux. 6 Février 2008: (www.kacher.fr/ActuK2008.htm)
Et en juin 2011: www.kacher.fr/ActuK2011a.htm#chocoeda
Nous en avons reparlé en février 2012 pour des Pim's du Rav Schnelbag (www.kacher.fr/ActuK2012a.htm#pims201202)

Notre point de vue est que malgré une cachérisation correctement effectuée, il peut rester des particules de lait ou autres dans les chaines, ou en suspension dans l'air de l'usine, ou à l'occasion d'une manipulation intempestive par un ouvrier travaillant sur une autre chaine, de l'ordre de 0,5 à 20.000 ppm, particules par milllion. La notion de "batel bechichim", annulé dans 60 fois sa quantité amènerait à une présence inférieure à 16.000 ppm..
C'est pourquoi les industriels ouvrent le parapluie et signalent ce risque, sur lequel les rabbins préfèreraient faire l'impasse, au point que nous avons en copie un courrier adressé par un producteur de la communauté demandant de ne pas faire figurer la mention du risque de traces de lait, et dédouanant l'industriel de toute responsabilité.
C'est pourquoi les rabbins sérieux n'acceptent de ne produire qu'à la condition de mettre à l'arrêt les autres chaines de l'usine. (Le produit coûtera plus cher, mais sera exempt de risque de contamination sur le plan de la cacherouth)

Tout ceci est sous tendu par l'idée qu'une surveillance correcte a commencé par une cachérisation correcte.
Il vous reste à vous convaincre qu'il y a eu cachérisation et surveillance correctes dans le cas du Rabbinat Z, et nous ne ferons rien pour vous le faire croire!
K.Acher
www.kacher.fr


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