La cacherouth Un
dossier préparé par K.
Acher
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A l'occasion de l'anniversaire du décès de Rav Mordekhay Eliahou [Adar 5689 (1929) -25 Sivan 5760 (2010)]
Le
Rav Amram Edery était responsable de la cacherouth lorsque le Rav Mordekhay
Eliahou était Grand Rabbin d’Israël de 1983 à 1993.
Le règlement de l'époque voulait que chacun des deux Grands Rabbins,
ashkenaze et sépharade, valide les autorisations d'importer des produits
cachers, avant même que les marchandises ne quittent les entrepôts
des douanes.
Le rôle du Rav Amram Edery était de vérifier la liste des
ingrédients et leur certificat de cacherouth avant de proposer au Rav
l'autorisation pour signature.
Voici ce qu'il a raconté:
En général, le Rav Mordekhay Eliahou signait le jour même,
afin de ne pas léser l'importateur qui payait la consigne journalière
de ses marchandises aux autorités portuaires.
Des centaines de fois, le dossier était clos dans la journée.
Il arriva une fois que le Rav ne signa pas l'autorisation le jour même.
Le lendemain, le surlendemain, je pus constater que le Rav n'avait toujours
pas signé.
L'importateur s'impatientait, téléphonait chaque jour, et …
haussait le ton au fur et à mesure des jours qui passaient. "Pourquoi
mon produit n'est pas accepté?".
Je n'avais aucune réponse à lui donner, autre que "le dossier
était posé sur la table du Rav, et que certainement il allait
le signer aujourd'hui, ou demain… comme il le faisait habituellement".
A vrai dire, j'étais moi-même étonné, mais connaissant
le Rav et ses qualités spirituelles, je me contentais de demander au
Rav si c'était signé, sans mettre la pression. Et tous les jours
le Rav éludait ma question, et passait à autre chose.
Au bout de quinze jours, je reçois un appel du Rav d'Allemagne qui avait
préparé le dossier avant l'importation. Avec affolement, il me
confie qu'il y a eu une erreur dans la préparation du dossier, et que
si le produit est déjà commercialisé, il faut procéder
d'urgence à un rappel: un des constituants est totalement non cacher.
Le Rabbin était très gêné, et voulait savoir si le
dossier avait été signé et si le produit avait quitté
les entrepôts du port.
Je lui ai répondu qu'il avait de la chance que le Rav soit doué
de Roua'h Hakodech (esprit sain), et que de façon inattendue et exceptionnelle,
le dossier n'avait pas été validé, sans raison apparente.
J'étais quand même étonné de voir comment la sainte
vision du Rav avait évité à des milliers de juifs de consommer
un produit taref, et je me suis précipité dans le bureau du Rav.
Le dossier était encore à la même place. J'ai parlé
au Rav de l'appel du Rabbin allemand. Il se contenta d'un "bon!",
puis se remit à son travail comme si rien ne s'était passé.
Traduit
de Aviem chel Israël, le Rav Mordekhay Eliahou, P 178