La cacherouth

Un dossier préparé par K. Acher
Mise à jour le

Des institutions cachères

 

"Je sais que vous allez me prendre pour une folle, mais cela est pourtant bien réel".
Cette femme connue et respectée dans la ville de Boston est venue s'entretenir avec le Rav Meir David Rabinowitz, un des plus anciens
'Hassidim  Habad de la ville.
On est en 1943. Elle a perdu récemment sa jeune, très jeune fille. Il y a quelques jours, elle a entendu une voix dans sa maison. La voix de sa fille. Une voix angoissée, comme un appel, dont elle n'a pu saisir le sens.
Elle est persuadée que sa fille a voulu lui faire passer un message, mais lequel?
Le Rav l'interroge sur la vie de la famille, les conflits éventuels  qui auraient pu rester entre elles. Rien. Rien qui puisse expliquer que l'âme de sa fille ne soit pas en paix.
Elle s'est déjà posée ces questions, en vain. Reste le tourment de ne pas savoir ce que sa fille demande, ce qu'elle pourrait faire pour elle.
Après une longue réflexion, le Rav lui confie qu'il n'a pas de réponse à sa question.
Mais rajoute-t-il, je peux écrire à
Rabbi Yossef Its'hak de Loubavitch, et demander son conseil.
(Rabbi Yossef Its'hak était arrivé depuis trois ans aux Etats Unis, après avoir fui le ghetto de Varsovie).
Le
Rav Rabinowitz écrivit au Rabbi une lettre détaillant les noms de cette femme et de sa fille, et le récit qu'elle avait fait.
Quelques jours plus tard, il reçut une lettre du
Rabbi qu'il ouvrit avec émotion. Le contenu de la lettre le fit frissonner.
Dans sa lettre, datée du 25 Tevet 5703, N° 1927, le Rabbi écrivait:
"En ce qui concerne votre lettre à propos de Mme … qui donne de la Tsédakah pour l'élévation de l'âme de sa fille Esther. Il lui est arrivé d'entendre une voix, sans rien voir, et elle est sûre que c'est la voix de sa fille, qui demande un "tikoun", une réparation pour le bien de son âme.
L'avis de nos Sages est dit de longue date sur de telles choses, accompagné de récits des plus surprenants dont ils ont pu être témoins.
En ce qui concerne ses déclarations, il n'y a pas lieu de penser que c'est le fruit de son imagination ou un état nerveux d'hallucination, mais il faut effectivement prendre les choses au pied de la lettre. Il est clair qu'il s'agit d'une lamentation émanant de l'âme de sa fille, qui souffre que l'argent qu'elle donne, avec les meilleures intentions, est affecté entre autres à soutenir des causes qui n'ont de tsédakah que le nom, incitent les juifs à fauter et éduquent des enfants juifs dans de mauvaises voies.
Par exemple des écoles juives dont les directeurs pas plus que les enseignants ne mettent les Tefilin, dont les enseignantes sont étrangères au lois régissant la vie familiale juive, des écoles ou des hospices de vieillards où l'on donne à manger de la viande taref, des institutions de Terre Sainte dirigées par des gens qui ne respectent pas la loi juive, ou n'en donnent que l'apparence.
Notre monde est le monde du mensonge, un mensonge complet qui coule dans les rues, qui se fait plus respectable que la vérité, et auquel tous sont suspects de recourir.
Mais dans le monde de vérité où se trouve maintenant sa fille, tout est clair, et apparaît sous son vrai jour.
Lorsque l'on donne de la Tsédakah pour l'élévation d'une âme, avec les meilleures intentions, sans percevoir le mal absolu qui se cache sous ces appellations d'école juive tenues par des ennemis de la Torah, de maisons d'orphelin ou hospice de vieux où l'on donne une nourriture taref, que ce soit en Terre Sainte ou à l'étranger, l'âme dans le monde de vérité voit les choses dans leur réalité, et outre sa déception en conçoit une grande souffrance. Au lieu d'une élévation de l'âme, c'est pour elle un abaissement.
Il conviendrait que cette femme dresse la liste de toutes les institutions qu'elle soutient depuis le décès de sa fille, qu'elle transmette cette liste à un homme craignant D.ieu qui saura distinguer entre institution impure et institution pure, entre institution cachère et institution taref.
Et dès lors, qu'elle ne fasse parvenir ses dons qu'à des institutions cachères.
Ce serait une bonne chose qu'on aille sur la tombe de sa fille pour lui faire savoir qu'à partir de maintenant on fera plus attention et on ne soutiendra que des institutions qui le méritent. Faites savoir à cette femme que la visite à la tombe devra être faite par un homme pieux, et qu'elle-même n'ira pas sur la tombe de sa fille. (…)"

Le Rav Rabinowitz fut bouleversé par cette lettre. Il n'avait jamais vu auparavant de mots aussi clairs et évidents sur les âmes et les mondes supérieurs.
Il transmit le message à cette femme, qui lui remit quelques jours après la liste des dons qu'elle avait faits pour l'élévation de l'âme de sa fille, afin que le Rav l'envoie à
Rabbi Yossef Its'hak.
Dans une lettre datée du 6 Chevat 5703,
Rabbi Yossef Its'hak répond:
"Ce qui est fait est fait. Mais le présent et le futur nécessitent de mettre de l'ordre"
Et de conseiller de suggérer un homme droit qui saura la diriger pour les sommes à remettre à la Tsédaka.
Bien sûr, cette femme se conforma aux conseils du
Rabbi, mais s'attrista beaucoup du mal qu'elle avait pu causer à sa fille.
Le Rav Rabinowitz s'en confia à
Rabbi Yossef Its'hak, qui lui répondit dans une troisième lettre datée du 14 Chevat qu'il avait déjà écrit directement à cette femme et lui avait qu'elle n'avait pas à s'attrister et qu'elle pouvait être assurée que l'âme de sa fille avait grandement bénéficié de ses nouvelles décisions.
Le Rav Rabinowitz fut une nouvelle fois frappé de sentir à quel point ce qui se passe au ciel est clair pour le Rabbi. Il transmit le message à cette femme, et lui demanda de ne plus se morfondre puisque le Rabbi lui-même l'avait assuré que grâce à elle sa fille avait eu une grande élévation.
Le Rav Rabinowitz quitta ce monde peu après. Mais la correspondance entre cette femme et le Rabbi Yossef Its'hak perdura, et l'on trouve dans la correspondance du Rabbi Yossef Its'hak une lettre qu'il lui adressa le 15 Av de la même année, dans laquelle il écrit:
"Ne pensez pas que toutes les institutions de l'enfance ne sont pas cachères. Il se trouve des écoles cachères, dans lesquelles les enseignants sont des hommes craignant
D.ieu, et ce sont celles là qu'il faut aider. Attachez-vous à l'aide à ces institutions, et D.ieu  vous bénira dans tout ce dont vous avez besoin".


Traduit de Si'hat Hachavoua N° 1224, Chabbat Houkat 5770
http://www.chabad.org.il/Magazines/Article.asp?ArticleID=6915&CategoryID=1407

Lettres de Rabbi Yossef Its'hak, année 5703, N° 1927, 1942, 1946 et 2111.

Un dossier préparé par K. Acher
 

Retour