La cacherouth

Un dossier préparé par K. Acher
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Conflit entre un Cho'het et un boucher

 

RÉCITS HASSIDIQUES
Extrait de "Sippourei 'Hassidim", Rav Chlomoh Yossef Zevin, Nous avons choisi d'économiser une heure de traduction et de citer ce texte à partir de sa traduction française " Récits Hassidiques … au fil de la Torah, Edition Colbo" quitte à faire une publicité à cet excellent ouvrage et à sa traduction.

Dans la ville de Reb Israël, le Maguid de Koznitz, vivait un boucher nommé Aïzik dont les frasques de jeunesse avaient défrayé la chronique. Il mourut prématurément; quelques semaines après sa mort, il apparut en rêve au Cho'het local et l'assigna à comparaître devant le Tribunal céleste. L'abatteur rituel se réveilla en sursaut, mais décida de ne pas se laisser impressionner: n'est-il pas écrit que "les rêves ne sont que chimères"? Mais la nuit suivante, le boucher réapparut, et il réapparut encore la troisième nuit. Il n'était plus possible de n'en pas tenir compte.

Le Cho'het éploré alla demander conseil à Reb Israël .
"Il est écrit, dit le Maguid, que "la Tora ne réside pas aux cieux". La loi de la Tora s'exerce dans ce monde; or la loi prescrit que le plaignant doit suivre l'accusé. En conséquence, si le plaignant se manifeste à nouveau, dis-lui que s'il a quelque revendication à ton égard, qu'il t'accompagne afin d'être entendu par moi; sans quoi, il le regrettera" .

Cette nuit-là, comme de juste, le boucher apparut et renouvela son assignation à comparaître. Le Cho'het lui répondit dans les termes indiqués par le Maguid, et le boucher accepta aussitôt.
Au matin, quand le Cho'het arriva, le Maguid fit installer une cloison en planches dans un coin de la pièce et dépêcha son bedeau au cimetière avec ordre d'approcher la tombe du boucher, et de lui transmettre la convocation du Rabbi.

Peu après, derrière la cloison, on entendit la voix du boucher, altérée par les larmes. Celui-ci se plaignait de ce que le Cho'het avait jugé tréfa de nombreuses bêtes; toutes ces bêtes avaient été déclarées impropres à la consommation, et lui qui les avait achetées, s'était gravement endetté jusqu'au jour où, misérable et brisé, il était mort, laissant une femme et des enfants dans le plus complet dénuement et assaillis par les créanciers.

Dans le Monde de Vérité, il s'était rendu compte que les bêtes étaient en réalité saines et cachères avant que le Cho'het, par pure malveillance, ne les rende intentionnellement tréfa. Cette injustice, ajoutée à la dette laissée derrière lui et à la pensée du tourment quotidien de sa veuve et de ses enfants, l'avait empêché de trouver le repos dans le Monde d'En Haut.

C'est pourquoi il souhaitait que le Cho'het soit jugé.A ces mots, le Cho'het, submergé par la honte, reconnut sa culpabilité et se déclara prêt à subir tout châtiment que le Maguid prononcerait à son endroit. Reb Israël décréta qu'il devrait rembourser intégralement les dettes du boucher et verser une rente hebdomadaire à sa femme et à ses enfants. Les deux parties acceptèrent ce verdict.

Comme le boucher quittait la maison, le Maguid le rappela. "Aïzik, Aïzik! Viens ici, s'il te plaît! Je suis plutôt surpris qu'aussi peu de temps après ta mort, tu aies déjà le loisir de te consacrer à des questions financières. Dis-moi, as-tu fini de rendre des comptes là-haut? Qu'as-tu répondu au sujet des errements de ta jeunesse?

Rabbi, répondit le boucher, ta question est certainement justifiée. Je vais t'expliquer ce qui s'est passé. Quand j'étais jeune, j'étais cocher et mon travail me menait de ville en ville. Un jour, je conduisai mes passagers — personnes honnêtes, pieuses et respectables — quand, sur une route déserte, la charrette fut prise d'assaut par une bande de brigands armés qui voulaient tuer et dépouiller mes tsaddikim.
Je ne me laissai pas intimider. Je sautai à bas de mon siège et me jetai, toutes griffes dehors, sur les vauriens.
Avec l'aide de Dieu, je réussis à les mettre en déroute.
"Quand, des années après, je quittai ce monde, des cohortes d'anges vengeurs vinrent me chercher pour me conduire au lieu du châtiment.
Mais, tels l'éclair, apparurent tous les tsaddikim dont j'avais sauvé la vie, et ils objectèrent avec force: "Voici l'homme qui nous a épargné une mort certaine, or quiconque sauve la vie d'un juif, c'est comme s'il avait sauvé le monde tout entier. Vous ne pouvez l'emmener là-bas! C'est uniquement grâce à lui que nous avons survécu, que nous avons pu continuer à étudier la Tora, à accomplir les mitsvot, et à servir notre Créateur!". "En bref, ils ne permettraient pas qu'on porte la main sur moi; de fait, ils me protégèrent du malin et témoignèrent en ma faveur.

Le Tribunal suprême décida de m'envoyer au Jardin d'Eden. Mais Dieu ne laisse pas impunies les fautes commises entre les hommes, et j'avais laissé une telle quantité de dettes... on me refusa donc l'entrée au Gan Eden.
Aussi, lorsque je compris que le Cho'het était la cause de tous mes maux, je décidai de le traîner en justice; maintenant, s'il consent à rembourser mes dettes, je peux m'en retourner en paix et jouir de la vie éternelle.


Récits Hassidiques … au fil de la Torah Edition Colbo

Un dossier préparé par K. Acher