La cacherouth

Un dossier préparé par K. Acher
Pour une lecture plein écran, ouvrez http://www.kacher.fr   dans votre navigateur.
Mise à jour le


Mise au point d'un lait infantile Cacher par Kedassia (Londres)

Ces notes ont été rédigées à partir de la revue HaKohol, organe de Kedassia de Londres, dans son édition de Pessa'h 5777, non disponible en ligne. Nous avons été intéressés par la description du travail et des précautions rigoureuses de cacherouth du Rabbinat.
Nous en retenons le soin apporté
- A la surveillance de la traite du début jusqu'à la fin
- A la conservation du lait moins de 24 heures à froid dans des récipients de Monsieur tout le monde
- A l'exclusion des animaux impropres halakhiquement du fait d'une intervention chirurgicale
- Et bien sûr les précautions de cacherouth des installations et des composants du lait Kendamil.
Nous sommes cependant réservés, car il peut arriver qu'un rabbinat énonce des grands principes dont certains ne correspondent pas à la réalité telle qu'elle nous est remontée du terrain!
(http://www.kacher.fr/Ce_que_nous_croyons_savoir201609.htm)

 

Dans son édition de Pessa'h 5777, HaKohol, organe de Kedassia de Londres, décrit l'épopée de la mise au point d'un lait infantile Cacher.

A l'initiative d'un industriel de la communauté, la firme Kendal Nutricare a accepté le défi de produire un lait pour nourrissons cacher de tous les points de vue, et bien sûr conforme aux normes scientifiques en cours.
Les rabbins de Kedassia ont travaillé pendant de longs mois avec les nutritionnistes et ingénieurs de Kendal à l'élaboration d'un produit satisfaisant, et ainsi naquit le Kendamil cacher (https://www.kendamil.com/) et http://www.globalkosher.co.uk/products?searchstr=Kendamil

Il fut d'abord convenu que le produit devait convenir pour Pessa'h, afin de ne pas avoir à concocter une seconde formule Cacher lePessa'h, les substitutions de dernier moment n'étant hautement pas souhaitables en alimentation infantile.
Puis mettre au point des additifs: vitamines, protéines et minéraux, qui soient tous cachers sans discussion.
Ainsi les Omega 3, issus d'une huile de poissons, auraient nécessité la cachérisation de toute une chaine de fabrication utilisée usuellement pour des poissons parfois non cachers. On eut recours à des Oméga 3 extraits d'algues, avec de tels avantages que Kendal envisage de ne plus utiliser que cette source. Cela permettait également de passer sur la question de mélanger du lait et du poisson pour ceux qui y prennent garde.
Les vitamines sont généralement présentées dans un excipient, qui est un amidon, souvent de blé.
Il fallut donc une production spéciale, sans amidon, pour chacune des vitamines. Et une batterie de tests pour chacune de ces nouvelles productions, pour en vérifier la conformité et la facilité d'utilisation.
Ces additifs sont usuellement mélangés à du lait reconstitué à partir d'un lait en poudre, et le tout est ensuite transformé … en poudre.
Pour éviter des manipulations intempestives qui altèrent les éléments essentiels du lait, il a été proposé d'utiliser un lait concentré plutôt que reconstitué. Cet assemblage permet aussi de garder les lipides du lait, et de ne pas avoir à ajouter des huiles de palme ou de soja, parfois mal supportées pas les nourrissons.
Le lait, qui est malgré tout le constituant essentiel, est une routine pour Kedassia. Sauf que pour cette production, au lieu de quelques dizaines de fermes à surveiller, ils ont pu travailler dans une ferme de … 2500 vaches.
En 36 heures, deux surveillants se relaient pour faire ce qui aurait nécessité ailleurs une dizaine de surveillants et des kilomètres, pardon, des miles à parcourir.
Le rêve de tout producteur de lait cacher. (Il existe une ferme de plus de 1000 vaches près de Milan, où travaille le Rav Kohen, et quelques fermes de plusieurs centaines de vaches en France. Nous ne savons pas où en est l'histoire de la ferme des mille vaches en France)
Mais …
L'installation est un grand manège rotatif, dirigé par un seul ouvrier qui pose les gobelets de traite sur les pis de la vache présente dans le box de traite, puis à la suivante, etc… Les gobelets tombent dès que la vache a cessé de donner du lait, et elle est alors poussée vers la sortie. L'entrée dans ce carrousel est laissée à l'initiative de la vache, qui se présente dès qu'elle éprouve le besoin d'être traite. Dans des installations entièrement automatisées, les pis sont désinfectés et les gobelets posés par un robot guidé par laser et caméra.
Sa carte d'identification (la plaquette plastique jaune portée à l'oreille) est lue par un scanner, qui peut la repousser si c'est trop tôt, et permet surtout de diriger son lait vers un collecteur secondaire si la vache reçoit un traitement antibiotique qui rend son lait impropre, ou si les rabbins ont demandé que les vaches ayant subi une opération ne soient pas intégrées à la collecte du lait.
(Certaines vaches peuvent développer un gonflement de la quatrième poche digestive, l'abomasum, et il est nécessaire pour les sauver de planter une aiguille dans la poche d'air. Cette piqure rend l'animal taref selon la halakha. Elle ne pourra être consommée par un juif, et son lait doit être a priori évité. Pour toute autre intervention chirurgicale, on craint que l'opérateur ait pu faire une lésion même minime au tractus digestif, et ces animaux sont également écartés).
La surveillance de la traite "à la carte" a posé un problème nouveau.
Alors qu'on définit début et fin de traite par le début de la traite du troupeau présent sur le lieu de traite, et dont on vérifie de visu qu'il ne contient que des animaux purs, ce type de traite à la demande 24 heures sur 24 a amené à reconsidérer la notion de début de traite, et les rabbins de Kedassia ont estimé qu'il fallait considérer le début de la traite animal par animal. Ce qui laisse bien peu de temps au surveillant pour "sortir et revenir" comme il le fait pour la traite d'un troupeau.
Deux surveillants se relayent en continu durant les 36 heures nécessaires à collecter la quantité de lait attendue.
Le lait trait est dans un premier temps refroidi, puis après quelques heures transféré dans le camion citerne qui l'amène à l'usine de traitement. De cette façon, le lait passe moins de 24 heures à froid dans des cuves non cachérisées, et est transvasé en usine dans des cuves préparées à cet effet.
La cachérisation a apporté son lot de problèmes techniques nouveau, notamment pour les parties du système qui ne peuvent être passées à l'eau. Cachérisation des tours de pulvérisation du lait, nettoyage de circuits par du sucre en poudre poussé par de l'air comprimé. Un des rabbins a du participer à des cours d'aéronautique pour comprendre le fonctionnement d'une des turbines,

Au total, il aura fallu des mois de préparation pour mettre au point le cahier des charges.
La seconde campagne de fabrication aura duré elle deux mois de préparation, puis trois semaines de travail pour une équipe chargée de la collecte du lait, et autant pour l'équipe chargée de la préparation des installations de l'usine.

Pour être complet, rappelons qu'il existe en France d'autres laits pour nourrissons au lait chamour: Nutrilac, Boubalait. et parfois du lait Materna israélien.

Un dossier préparé par K. Acher
http://www.kacher.fr/formula_kedassia.htm