La cacherouth Un
dossier préparé par K.
Acher
|
Quelques notes sur la Chemitah, 5775
Quelques notes sur la chemita, à partir de documents
publiés par le Beth Din Tsedek de la Eda Haredit de Jérusalem.
L’année de Chemita est caractérisée par l’arrêt
des travaux agricoles en Terre d’Israël la septième année.
Il est interdit de labourer, semer, planter, récolter, même ce
qui aura poussé spontanément, dans les champs de la Terre d’Israël
appartenant à un juif. Les champs sont déclarés «
ouverts » et tout un chacun doit pouvoir y pénétrer pour
ramasser quelques fruits, sans possibilité de les stocker ni les commercialiser.
Les produits agricoles récoltés en contrevenant à ces
lois sont également interdits à la consommation.
Alors que pour les légumes les interdictions couvrent l’année
5775, pour nombre de fruits, les récoltes de l’hiver 5776, l’année
suivant la Chemita, seront interdites comme ayant poussé durant l’année
de Chemitah. La transformation en denrées de longue conservation (congélation,
boite de conserve, jus de fruits…) peut faire jouer les prolongations
L’observance du repos de l’année chabbatique demande de
très gros efforts à ceux qui vivent de l’exploitation
agricole, et aussi quelques efforts de la part des consommateurs qui n’ont
pas tous les produits habituels, et surtout pas aux prix habituels.
Ces dernières
décades, depuis l’accroissement du nombre de consommateurs juifs
désireux de respecter l’année de jachère, l’abord
des nombreux problèmes soulevés a nécessité la
mise en place d’une logistique sans cesse évoluée.
Bien sûr la conservation en congelé ou en chambre froide de quantités
astronomiques de fruits, pour couvrir les besoins des années 5775 et
5776, tout comme des prévisions d’importation, avec les difficultés
administratives et le surcoût idoines.
Uns solution a été proposée depuis, la création
du Ychouv au milieu du 19éme siècle, qui consiste à transférer
la propriété des sols à un non juif (Héter mekhirah)
, qui fait procéder aux travaux nécessaires à l’entretien
des champs et à la récolte par des ouvriers non juifs (1888,
1895). Cette solution, initialement proposée à titre temporaire,
fut soutenue (institutionnalisée ?) par le Rav Kook (1910), Rabbi Tzvi
Pesach Frank, et récemment par le Rav Ovadia Yossef, mais est rejetée
par une grande partie du monde orthodoxe Rabbi Naftali Tzvi Yehudah Berliner
(Le “Natziv” – 1816 – 1893), Rabbi Yechiel Michel
Tukochinsky (1888), Rav Yehochoua Leib Diskin et Ie Rav Chmouel Salant, le
Ridbaz (1910), Hazon Ich (1935),
Non moins accepté par le monde orthodoxe, il a été proposé
de cultiver des plantes hors sol, dans des serres aménagées
avec des rayonnages.
Une autre solution serait que les agriculteurs remettent entre les mains d’un
Beth Din, Tribunal Rabbinique, la gestion des champs. Le Beth Din charge alors
les agriculteurs de procéder aux travaux nécessaires à
la récolte et à la subsistance des consommateurs israéliens,
et fait procéder à la vente des produits agricoles qui sont
propriété du Beth Din (Otsar Beth Din), et ce en dehors des
circuits commerciaux traditionnels. Les fruits sont cependant « marqués
» de la sainteté de la septième année, et ne doivent
pas être détournés de leur usage alimentaire. Même
leurs rebuts doit être traités comme tel.
Cette solution est également rejetée depuis plus d’un
siècle par la Eda Haredit, sauf pour les etroguim (ceux qui seront
utilisés pour Souccot 5776).
Depuis près
de 75 ans, le Badats a développé et amélioré les
moyens techniques, à la hauteur des difficultés grandissantes,
pour pourvoir les revendeurs et les consommateurs en produits ayant poussé
sur des terres non possédées par des juifs.
Par des recherches cadastrales, ayant permis de connaître les vrais
propriétaires des terrains, leurs limites précises. Et des recherches
historiques pour définir les limites exactes de la Terre d’Israël
régies par la Chemitah.
Par l’envoi de surveillants rabbiniques rôdés aux questions
agricoles dans les territoires palestiniens, y compris à Gaza où
tout se prêtait à une excellente coopération, jusqu’il
y a une quinzaine d’années. Puis les problèmes de sécurité
ayant pris le dessus, les importations, de l’ordre d’une vingtaine
de camions de 20 tonnes par jour, ont cessé brutalement.
Actuellement, certaines surveillances en territoire palestinien se font même
par hélicoptère, drones, vêtements de protection et voitures
blindées, sous surveillance sécuritaire.
A titre anecdotique, et cela justifie l’envoi d’hommes de terrain en toutes circonstances, les surveillants rabbiniques s’étaient rendu compte que certains agriculteurs arabes répandaient dans leur champ des fruits, voire des cageots, importés des kibboutsim voisins, pour les revendre en tant que « production arabe » et tromper les inspecteurs. Ailleurs, ils s’étaient aperçus que le cadastre mentionnait des propriétés comme appartenant à un « Avraham ben Avraham » : le propriétaire s’était converti au judaïsme ! Ailleurs encore, le propriétaire arabe avait inscrit ses biens au nom de sa femme, juive.
Une autre activité importante est la surveillance d’installations agroalimentaires pour veiller à la stricte utilisation de matières premières exemptes des lois de la chemitah, minoteries ne traitant que du blé d’importation, vins d’importation, approvisionnement en pommes de terre à l’approche de Pessa’h.
Un grand pas a été franchi cette année par la réalisation
d’une gigantesque
ferme … dans le désert de Jordanie, où un industriel
ayant survécu à la perte de ses installations dans le Gouch
Katif a recréé une « ville des serres » où
il a retrouvé dans ces « Montagnes de Moav » un climat
idéal, des sols adéquats, l’absence d’infestations
par des insectes (très présents à proximité des
champs de blé, notamment après la moisson). Il y a retrouvé
les conditions qui avaient fait la réputation des « salades du
Gouch Katif », et y fait pousser des légumes en milieu protégé,
sous la haute surveillance des rabbins du Badats pour la cacherouth et la
surveillance des bédouins des villages voisins pour la sérénité
de tous.
(Adapté de « Hamachguia’h » de Tichri 5775)
Lire encore:
La Chémitah, Guide pratique, Questions/Réponses, Rav Menahem
Engelberg, 2015.
La Chemita, Rav Schlamme, Rav Gabriel Dayan, Editions Pnima, 2007.
Quelques
références sur la controverse de la Chemitah :
http://couponingintheholyland.wordpress.com/2014/09/21/shmita-heter-mechira/
http://www.hidabroot.org/he/article/73546