L'identification
du gamal, chafan
et arnevet de la Torah.
Rabbi Meyer Lubin.
Cet
article a paru en 1973, dans la revue Intercom
de l'Association of Orthodox Jewish Scientists. Il a nous été transmis
traduit par X, sans le document original et nous nous sommes efforcés de le
transcrire et au besoin le réécrire. Les chapitres et titres de chapitres
sont de ce fait de notre main.
Le point de vue de Rabbi Meyer Lubin ne fait pas l'unanimité, mais mérite
d'être connu, afin de sortir de la routine qui voudrait voir en chafan et
arnevet le lièvre et le lapin ou encore la gerboise, ou pour les anglo saxons
un hyrax etc… toutes traductions soumises à des critiques, notamment sur la
rumination ou plutôt la non rumination de ces espèces, dont le volume dépasse
l'espace alloué par notre hébergeur.
Cet article pourrait n'intéresser que les podologues, tant il est axé sur
la nature des pieds de ces deux animaux, et fait impasse sur la rumination.
Parle-t-on de rumination dès lors qu'on voit un animal mâchouiller en permanence,
serait ce ses régurgitations ou ses déjections, ou ruminer signifie une anatomie
digestive de trois ou quatre estomacs différents et ayant chacun leur physiologie
propre? La réponse à ces questions concernera le lapin, le lièvre et le hyrax
(ou daman) … que notre auteur écarte d'emblée pour des raisons podologiques!
A moins de remettre en question la notion exclusive de rumination définie
par "maalé guera" et "lo yigar".(http://www.aishdas.org/toratemet/en_pamphlet2.html)
avec des notions de digestion et redigestion…
Un lecteur nous a fait parvenir une référence d'un article qui
traite intensivement de la question: http://www.rationalistjudaism.com/2019/03/the-camel-hare-and-hyrax.html?fbclid=IwAR13qUJPt-qw6qB7X1ZWKSl8oHkRcchA0IqgdFigLq1X21lbEAmKKF4R8e8
++++
La
Bible du Rabbinat Français traduit comme suit les versets 3 à 7 du chapitre
11 du Lévitique.
"3 - Tout ce qui a le pied corné et divisé en deux ongles, parmi les
animaux ruminants, vous pouvez le manger.
4 - Quant aux suivants, qui ruminent ou qui ont le pied corné, vous n'en mangerez
point: le chameau (gamal) , parce
qu'il rumine mais n'a point le pied corné (oufarsa einenou mafriss):
il sera immonde pour vous;
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Gerboise |
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Daman
ou hyrax |
De
même, la traduction Soncino de Houlin 59a donne "rock badger" (blaireau
des roches) pour chafan, et lièvre
pour arnevet. Isaac Levy, dans sa traduction du Pentateuque
du Rav S. R. Hirsch suppose que chafan
est le lapin, et arnevet le lièvre.
Les auteurs anglo saxons parlent surtout de lièvre et d'Hyrax (daman).
Ben Yehouda, dans son dictionnaire traduit arnevet
par lièvre et utilise rock badger ou le lapin pour chafan.
Un examen des textes de Jastrow, Grossman, et Efros et al. Donne un ensemble
constant de de lièvre, blaireau (gerboise) ou lapin pour chafan et arnevet. Les références constantes au "lapin de
la Bible" des dictionnaires et des encyclopédies donnent l'impression
que le monde non juif traduit ces mots de la même façon. Un Roch Yéchivah de Jérusalem m'a
dit que pour la majorité des israéliens les mots chafan et arnevet se réfèrent indifféremment au lapin
et au lièvre.
Néanmoins, bien que toutes les respectables autorités citées ci dessus soient
d'accord entre elles, et nonobstant leurs grandes connaissances dans le domaine
de la traduction, ces traductions de chafan comme lapin, rock badger
(ou gerboise) et de arnevet comme
lapin ou lièvre doivent être remises en question.
Pour prouver qu'aucun de ces animaux n'est un ruminant et n'a pas non plus
le pied corné et encore moins divisé en deux ongles, nous nous appuierons
sur ces traducteurs eux mêmes. Le
Rav S. R. Hirsch écrit: "(…) il ne s'agit ni pour l'un, ni pour l'autre,
d'un animal à pied corné. (…) On considère généralement chafan
comme lapin, et arnevet comme lièvre.
Mais cette traduction ne pourrait être exacte que si nous étions certains
que ces deux animaux sont des ruminants, ce qui ne semble guère être le cas".
Cette remarque exclut donc le lièvre et le lapin du cadre de chafan et arnevet.
En ce qui concerne la traduction "rock badger" (blaireau des roches)
pour chafan, et lapin pour arnevet, le Dr Hertz écrit dans ses annotations:
"cet animal (blaireau ou lapin, ainsi que le lièvre, ont l'habitude de
remuer la mâchoire comme s'ils mâchaient de la nourriture" (le
mot souligné comme est de l'auteur).
Nous avons déjà mentionné par la citation du Rav Hirsch que cela ne fait pas
d'un lapin un ruminant Mais la preuve
la plus concluante est qu'il est inconcevable que la Torah qui précise au
poil près que si deux poils d'une plaie de "lèpre" blanchissent
la personne est impure et doit déchirer ses vêtements, se couvrir comme une
personne en deuil et s'isoler, ou que si la section de la moitié seulement
de la trachée et de l'œsophage rend la bête non consommable, alors que pour
un millimètre de plus elle serait cachère, qui donne dans le détail pour dire
ce qui est permis ou ne l'est pas, puisse prendre pour un ruminant un animal
qui ne l'est pas. Et une fois établi
que la gerboise et le lapin ne ruminent pas, il n'est plus nécessaire de se
référer à l'absence de pied corné, car dès lors ils ne sauraient être le chafan et arnevet de la
Torah!
Nous pensons que le nom anglais de rock badger fut adopté parce que "chafan" apparaît dans le Psaume 104,
18, et dans les Proverbes 30, 26, comme vivant dans les rochers. (Psaumes
104, 18: 18 "Les montagnes escarpées servent de retraite aux chamois,
les rochers de refuge aux gerboises". Proverbes 30, 26: "les gerboises,
peuple sans puissance, établissent leur demeure dans les rochers")
Si cette hypothèse était bonne, elle prêterait à rire, car "rock badger"
provient de l'ancien anglais "brack", qui désigne le blaireau ("badger").
Ainsi les désignations "brock badger" et rock badger" sont
des pléonasmes, qui n'ont rien à voir avec les rochers!
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Pattes
avant de lapin |
Mais
le Rav S.R. Hirsch ne fut pas le premier à remettre cette traduction en question.
Nous trouvons que Daat Zekenim MiBaalei Hatossafot (environ XIIème siècle)
concernant Lévitique 11, 27 demande pourquoi chafan et arnevet ne sont
pas interdits au titre qu'ils marchent sur leur patte de la même façon que
l'ours, le chien ou le chat. (Lévitique
11, 27: Tous ceux d'entre les animaux quadrupèdes qui marchent sur la paume
(ou plante: kapav), sont impurs pour vous: quiconque touche
à leur cadavre sera souillé jusqu'au soir).
Il en ressort que la traduction traditionnelle de chafan et arnevet était
déjà mise en question à cette époque.
Ce que dit Daat Zekenim en quelques mots est ce que nous faisons remarquer
depuis le début, à savoir que le blaireau, la gerboise etc… sont défendus,
mais ils ne le sont pas parce qu'ils auraient le pied corné et non entièrement
divisé en deux ongles, mais plutôt parce qu'ils marchent sur les coussinets
(pelotes) de leur patte, qu'ils n'ont pas le pied corné du tout, et qu'ils
ne ruminent pas.
Quels sont les deux animaux...
Quels
sont les deux animaux
en dehors du chameau qui sont ruminants, ont le pied divisé en
deux ongles mais joints en dessous comme le chameau, et qui sont donc défendus
par la Torah pour ces caractéristiques?
Le Dr Hertz écrit: "au bas du pied du chameau, il y a un bourrelet ou
coussinet élastique qui permet au chameau de prendre pied dans le sable. Ce
bourrelet fait que le pied n'est pas entièrement divisé.
Nous avons donc commencé par chercher des animaux ayant, bien entendu le pied
corné, mais aussi un bourrelet au bas du pied. Nous avons constaté que l'antilope dicranocère (NDT: ??), le beira
(autre famille d'antilope) la chèvre des montagnes et le chamois ont des bourrelets
en bas du pied.
Ces animaux peuvent ils être chafan
et arnevet? Pas du tout. Le Dr Karl
F. Koopman, Conservateur Adjoint du Département des Mammifères du Musée Américain
d'Histoire Naturelle a écrit que le chameau marche sur son bourrelet, qui
est un coussinet large, épais et fibreux. Les animaux mentionnés ont un bourrelet
mince, étroit et cartilagineux, qui ne porte pas le poids de l'animal. Leurs
pied est donc fondamentalement semblable à celui de la vache, du mouton, de
la chèvre, et non pas au pied des camélidés. Ces bourrelets ne sont pas les
mêmes.
Afin d'identifier chafan et arnevet, nous devons d'abord clarifier
la signification de "mafriss parssah".
Rachi écrit à propos de Lévitique 11, 3: "vechossaat chessa",
c'est à dire "divisé en haut et en bas
(…) car il y a (un animal) dont le pied est divisé en haut et qui n'a
pas le pied entièrement fendu et divisé, qui l'a joint en bas (Houlin, 71)"
Puis encore, concernant le verset 26, Rachi commente: "mafresset parsah
vechessa einena chossaat", c'est par exemple le gamal dont le pied est divisé en haut,
mais joint en bas"
Cette interprétation nous amène à poser plusieurs questions:
- Technique d'abord: nous n'avons pas trouvé cette citation en page
71 de Houlin, ni dans les pages voisines où nous avons cherché. Il nous apparaît,
dans la question du Daat Zekenim, que cette explication est plus de Rachi
que du Talmud. Et de toute façon, ceci n'est qu'un point mineur, dans la mesure
où nous savons que les références mentionnées dans le commentaire de Rachi
sur la Torah sont des ajouts ultérieurs de copistes.
- Le Siftei 'Hakhamim signifie qu'on ne peut interpréter "parssah
lo yafriss" comme voulant dire que le chafan
ne pose pas ses pieds cornés par terre en marchant, car tous les animaux ont
le pied corné qu'ils posent par terre en marchant. En conséquence, "mafresset"
et "yafriss" doivent vouloir dire "diviser" et
non "poser le pied".
Ce point important sera tout à l'heure discuté et écarté, mais nous devons
d'abord expliquer pourquoi Siftei 'Hakhamim s'étend si longuement sur l'explication
que ces deux mots, bien qu'ayant la même racine f r s n'ont pas le
même sens. Il n'est pas fréquent que deux mots ayant le même radical et figurant
côte à côte n'aient pas le même sens.
S'il était possible de traduire "mafresset" par "poser
le pied", il s'agirait du verbe se rapportant au substantif "parsa"
qui signifie "le pied corné". ["qui pose un pied corné"],
car c'est un pied corné qui est utilisé pour prendre appui
au sol ou marcher. Cette expression ou le verbe et le mot de la même
racine ont le même sens est "classique", d'usage. Il
en va de même pour "chossaat chessa": (elle divise un clivage,
une séparation), ou dans Lévitique 19, 5 "tizbe'hou zava'h"
(sacrifier un sacrifice), et 19, 9 "ouvekoutsekhem ett ketsir"
(quand vous récolterez la récolte).
La difficulté de traduire deux mots d'une même racine situés côte à côte dans
le texte par deux notions différentes sera résolue par la suite de notre étude.
A propos du verset 3, le Daat Zekenim pose le problème suivant: Si Rachi traduit
"mafriss parssah" comme pieds cornés divisés en haut, et
"chossaat chessa" par "divisés dessus et dessous"
mais exclut le gamal (verset 26) qui a le pied corné clivé dessus mais joint en dessous,
par le verset "chossaat chessa", alors la Torah aurait dû
écrire que le gamal est exclu des
animaux cachers à cause de "vechsessa einena chossaat", et
non parce qu'il n'est pas "mafriss parssah", car il est effectivement
"mafriss parssah" au sens de Rachi (divisé en haut) mais
n'est pas "chossaat chessa" (divisé en dessous).
Une
autre question à la quelle il sera répondu à la fin de cet article est la
suivante: Pourquoi, dans la description
du gamal dans le Lévitique, la Torah
utilise-t-elle le présent, "einenou mafriss", le futur pour
le chafan "lo yafriss"
et le passé féminin pour arnevet
"lo ifrissah", alors que leur qualité de ruminant –trait
caractéristique au trois animaux- est systématiquement au présent? Dans le
Deutéronome 14, 7, le présent est utilisé pour les ruminants et les trois
animaux sont énumérés dans une seule phrase, en utilisant un seul verbe, au
passé: "oufarsa lo ifrissou".
La plus important de ces questions est la première: pourquoi le Lévitique
utilise-t-il trois temps différents? Nous ne trouvons dans aucune Loi de la
Torah l'emploi simultané de trois temps pour enseigner une même loi.
Pourquoi ici dans ce Lévitique, trouvons nous un changement du présent au futur puis au passé d'une phrase à la suivante,
et ce sans raison apparente. Cette
question nous amènera à l'identification de chafan
et arnevet, et à une identification
plus précise du gamal.
Poser les pieds sur terre
Nous ne pouvons répondre à la question de Daat Zekenim sur Rachi en utilisant
les mots de Rachi dans le Lévitique.
Cependant, la référence au commentaire de Rachi dans le traité 'Houlin permet
de résoudre cette difficulté et d'éliminer la question du Siftei 'Hakhamim.
Nous trouvons dans 'Houlin 75b (et c'est l'avis
retenu dans Yoré Déah 13, 2): "si l'on procède à l'abattage rituel d'un
animal et qu'on y trouve un fœtus vivant de neuf mois, s'il a été hifriss
sur le sol, il nécessite un abattage rituel pour être consommé. Mais si ses
pieds cornés sont keloutot, joints, (commenté par le Ramo: son pied
corné est tout un et non pas divisé), alors bien qu'il fut hifriss il ne nécessite pas d'abattage rituel. Mais certains décisionnaires
doutent de ceci.
Or Rachi, dans 'Houlin a traduit hifriss comme "se dressait sur des pieds cornés"; bien que tout
de suite après, la discussion porte sur une "kelouta", un
animal dont le pied corné n'est pas clivé. Rabbi Yossef Karo, auteur du Yoré Déah utilise lui aussi le mot hifriss dans le même sens que Rachi, bien que lui aussi
se réfère à un animal dont les pieds cornés ne sont pas divisés du tout, mais
joints en un, selon la définition du Ramo.
Il apparaît donc que la racine f r s ne signifie pas obligatoirement
que le pied corné de l'animal est séparé, clivé ou divisé, mais elle signifie,
selon Rachi, uniquement "debout", utilisant ses pieds cornés, exactement
ce que le Siftei 'Hakhamim dit qu'elle ne peut signifier ici.
Il est donc établi que hifriss signifie
"debout sur un pied corné".que ce pied soit divisé ou non. Chossaat
chessa, bien entendu signifie que ce que Rachi dit qu'il signifie, à savoir
entièrement divisé, mais dessus et dessus. (Il nous semblait curieux de traduire
mafriss comme "séparé en haut" et chossaat chessa
coomme "séparé en bas").
Nous avons déjà cité le Dr Hertz qui dit qu'il y a sous le pied du chameau
un bourrelet ou coussinet élastique qui donne appui au chameau dans le sable,
et comme l'a dit le Dr Koopman, "la surface plantaire (la parssah
de Rachi, qu'il traduit en français par planta) est au contraire couverte
par un gros coussinet fibreux, qui est ce sur quoi
l'animal se déplace".
Bien entendu, le chameau, chafan
et arnevet ont le pied corné, et c'est là
la raison pour laquelle ils sont interdits! La Torah ne se préoccupe pas de
savoir si leurs pieds sont partiellement clivés ou le sont entièrement; en
effet le Malbim dit que leurs pieds sont moufrassot et que les naturalistes
classent le chameau dans la catégorie des mafrissei parssah. (Bien
entendu, ceci n'est pas conforme à la traduction de Rachi dans 'Houlin).
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Pattes
de dromadaire |
Cependant
la Torah dit qu'ils ne sont pas mafriss
parssah. La réponse est que maffriss signifie se tenir debout,
poser le pied ou marcher sur le pied corné.
Ainsi la question du Daat Zekenim disparaît, quelle que soit le degré de séparation
du pied, cela ne rend aucunement cacher puisque son pied ne touche pas le
sol.
Ainsi on répond encore à la question pourquoi le Siftei 'Hakhamim ne traduit pas mafriss parssah comme "marchant sur les pieds cornés", et que la Torah dit einenou mafriss, non pas que le chameau n'ait pas le pied corné, mais parce qu'il ne se tient pas debout sur la corne de ses pieds. Et c'est cela que veut dire Rachi quand il dit "joint en bas", mais ce n'est pas le pied corné qui est joint en bas mais qu'il y a autre chose, ce bourrelet, qui empêche le pied de toucher le sol par sa corne.
Nous
pouvons donc maintenant identifier chafan et arnevet. Si nous traduisons mafriss parssah comme le
fait Rachi dans 'Houlin, ce qui répond à la question du Daat Zekenim, nous
sommes à la recherche de deux animaux, en plus du gamal, qui se tiennent debout sur des bourrelets placés au bas de
leurs pieds cornés.
Nous avons adressé des demandes de renseignements concernant de tels animaux
à de nombreuses sources, et nous avons fini par recevoir trois documents de
Grace Davall, Assistant Conservateur des Mammifères et Oiseaux du Zoo de Bronx.
Elle écrit: "Je n'avais pas l'intention de vous adresser ce troisième
document, mais pourquoi pas? Il concerne la dentition et est extrait de "La
nouvelle histoire naturelle" de Richard Lydekker".
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Pattes
de chameau |
Et
là, dans une partie qu'elle a rayée, nous avons trouvé la réponse. Dans la
rubrique Chameaux et Lamas, l'auteur écrit: "Les pieds forment des bourrelets
larges et étendus sous forme de coussinets (ce dont le groupe tire son nom
de Tylopodes), dont la surface inférieure n'est pas divisée." Voici donc
la réponse. Tous les animaux de ce groupe ressemblent au chameau en ce qu'ils
ont ces bourrelets sous forme de coussinets dont la surface inférieure n'est
pas divisée. La signification du mot Tylopode, en effet, est tylo, calus,
bourrelet, et pode pied.
Il ne nous reste plus qu'à trouver tous les animaux faisant partie de ce groupe.
Il comprend deux sortes de chameaux et quatre sortes de lama. Le fait qu'il
ne comprend aucun autre animal ressort du nom de ce groupe et du titre du
chapitre de Lydekker. Tous les autres animaux ayant des bourrelets étaient
déjà exclus de la lettre de Koppman citée ci dessus. En outre, nous trouvons
que la famille des chameaux –camélidés- comprend des chameaux et des lamas
et constitue à elle seule le groupe des Tylopodes… Les chameaux et les animaux
de leur espèce ruminent… Il n'existe que deux espèces de chameaux, le chameau
de Bactriane qui a deux bosses et que l'on trouve encore dans les régions
désertiques de l'Asie Cenrale, et le chameau d'Arabie ou dromadaire, animal
entièrement domestiqué ayant une seule bosse de graisse, et qu'on trouve dans
toute l'Afrique et dans le Sud Est Asiatique.
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Lama |
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Guanaco |
En
Amérique du Sud, on trouve des lamas, avec les deux espèces sauvages du Guanaco
(ou Juanaco), plus grand, et du Vicugna, plus petit, et deux espèces domestiquées
le lama proprement dit et l'alpaca.
Mais à ce point, nous nous heurtons à un problème: la Torah n'énumère que
trois animaux dans ce groupe: gamal,
chafan et arnevet. Comment faire pour faire tenir ces trois groupes sur ces
six espèces? Et là, la Torah nous
éclaire. Nous nous étions demandé pourquoi la Torah utilise le présent "einenou
mafriss" pour le gamal,
le futur "lo yafriss" pour le chafan
et le passé pour arnevet "lo
ifrissah".
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Pattes
de lama |
Or, tous les traducteurs, à commencer par les Targoumim et Rachi, en passant
par le Rabbin Chimchon Raphael Hirsch et le Dr Hertz utilisent le présent
pour ces trois expressions. Le Rabbin
Hirsch en donne l'explication suivante: "Alors qu'à propos du chameau,
qui tout en n'ayant pas le pied corné complet, a pourtant un début de pied
corné, la Torah dit "oufarssah einenou mafriss" pour chafan et arnevet elle dit "oufarssah lo yafriss" et "oufarssah
lo ifrissah", ces derniers ne sont pas du tout des animaux ayant
le pied corné, et ce changement est certainement en rapport avec la forme
de leurs doigts de pieds".
Le Malbim fait une déclaration semblable "l'arnevet n'a pas le pied corné".
Or nous avons déjà démontré que ces animaux doivent avoir le pied corné.
Le Malbim cite le Talmud Houlin 42 "le Saint Béni soit Il saisit chaque
espèce d'animal et la montra à Moché Rabénou".Le Sifra sur Lévitique
11 paragraphe 61 enseigne à propos de "voici l'animal" que Moché
tenait l'animal et le montrait à Israël. Le Malbim note qu'il n'y a pas de
divergence entre ces deux sources. Le Lévitique relate que D.ieu montrait
à Moché, tandis que le Deutéronome relate ce que Moché répéta et montra au
Peuple Juif.
Voici
donc maintenant tout en place.
Dans le Lévitique, c'est comme si D.ieu disait à Moché
"parles aux Enfants d'Israël; le gamal que vous avez connu en Egypte et que vous connaissez maintenant
ne se tient pas debout sur des pieds cornés. Dis leur que cet animal que je
te montre maintenant, ils ne l'ont jamais vu et ne le voient pas maintenant.
Mais quand ils le verront dans l'avenir, ils constateront que cet animal ne
se tient pas debout sur des pieds cornés, c'est le chafan qui est le lama et son cousin alpaca,
guanaco et vicugna. L'arnevet ne
se tenait pas debout sur des pieds cornés quand vous l'avez connu, et cet
animal ne se trouve pas dans votre entourage actuellement".
En procédant par élimination, il ne nous reste plus qu'un seul Tylopode, c'est
le chameau de Bactriane, à deux bosses, qui est l'arnevet.
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Gravure
du site de Salmanasser, - 825 avant l'ère vulgaire. |
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Gravure
à Persepolis - 500 avant l'ère vulgaire |
Sur
le plan historique, nous pouvons nous appuyer sur le Pr Lionel I. Casson,
Professeur d'Etudes Classique et de Littérature comparée à l'Institut Supérieur
des arts et Sciences de l'Université de New York, qui écrit à propos de l'époque
des pyramides (Everyday Life in Ancient Egypt): Nous sommes certains qu'à
cette époque là ou même plus tôt, les Egyptiens connaissaient le dromadaire
ainsi que le chameau à deux bosses bien qu'il soit certain qu'ils ne les ont
pas utilisés eux mêmes et qu'ils ne les ont connu que par leur contact avec
les peuplades du désert.
Plus tard, à l'époque grecque, ils utilisèrent le dromadaire, mais pas le
chameau de Bactriane à deux bosses." Or à l'époque de Moché, les Egyptiens
n'avaient certainement pas de chameau à deux bosses, selon le verset Exode 9, 3 qui parle
de l'extermination des animaux dont le gamal
(dromadaire à une bosse) lors des plaies, et ne fait aucune allusion à la
présence d'arnevet parmi les animaux
domestiques). On peut donc affirmer
sans risque de se tromper que le chameau de Bactriane avait été connu des
Enfants d'Israël avant le don de la
Torah, même s'il n'existait plus alors en Egypte. La seule fois où cet animal,
arnevet, est mentionné dans la Torah c'est
pour en interdire la consommation, avec usage du temps "passé",
car il n'y en avait pas plus dans le désert, ce qui cadre avec la nature de
cet animal plus adapté aux froids d'Asie Centrale.
Donc la Torah utilise dans le Lévitique le temps "passé" quand D.ieu
ordonne à Moché de le décrire aux Enfants d'Israël.
La rumination de ces animaux est écrite au présent, car c'est une description
délicate (Note de K.Acher: nous n'avons
pas saisi le sens exact de la traduction), tandis que les caractéristiques
du pied corné et fendu sont un fait d'observation: nous l'avons observé (arnevet),
nous le voyons (gamal), nous le
verrons dans le futur (chafan= lama).
Dans le Deutéronome, Moché montre ces animaux aux Enfants d'Israël; ils se
trouvent tous dans la même phrase, et Moché leur dit en quelque sorte: "voyez,
ces animaux ne se sont jamais tenus debout sur des pieds cornés".
Le point important est que dans le Lévitique les trois animaux sont décrits
par trois temps différents, et c'est précisément ce fait qui nous permet de
les identifier. Ainsi, tout gamal
est un chameau, mais pas tout chameau est un gamal, le chameau de Bactriane à deux bosses étant arnevet.
Il
y a beaucoup de choses intéressantes à tirer d'une étude de ces trois animaux.
(…)
Maintenant que nous avons identifié arnevet comme étant le chameau à deux bosses,
nous pensons que le Talmud Meguilah 9a devient clair. Il y est dit que le
Roi Ptolémée rassembla 72 Sages, et leur ordonna de transcrire la Torah. Pour
arnevet, qui était aussi le nom
de la femme de Ptolémée, ils utilisèrent l'expression "tseirat haraglaïm",
aux pattes courtes. Rachi commente que c'est parce que les pattes avant de
arnevet sont plus courtes et plus
petites que les pattes arrière. Or cette explication est difficile à saisir.
Le Talmud dit que les raglaïm sont petits. Or raglaïm désigne
soit les quatre pattes, soit les deux pattes arrière, tandis que yadaïm
désignerait les mains, ou les pattes avant. Or Rachi commente exactement le
contraire! Mais maintenant que nous savons que gamal est le dromadaire à une bosse et arnevet le chameau à deux bosses, le passage devient clair: le chameau
de Bactriane à deux bosses est moins haut perché que le dromadaire, et a des
jambes plus courtes! Il a aussi des
pieds plus durs et plus petits. Le Talmud ne fait que différencier entre les
deux sortes de chameau et indique que arnevet
a les quatre pattes plus courtes que le dromadaire.
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Chameau
tout étonné d'être surpris dans un paturage du 9-3
! |
Pourquoi
arnevet est elle un animal femelle,
ayant des verbes conjugués au féminin? Ibn Ezra dit que c'est parce qu'on
ne peut en trouver le mâle. Pour notre part, nous y voyons une particularité
de la langue hébraïque qui met au féminin ce qui marche par paire: mains,
pieds, oreilles, yeux. Or arnevet
a une paire de bosses!
Après que nous ayons terminé l'ébauche de cet article, le Dr Moché Tendler
nous a adressé un article du Rabbin Joseph Zeliger évoquant comme nous que chafan
est le lama et arnevet une sorte
de chameau.
Pour conclure, nous devons avouer qu'il nous reste une question à propos de
la dentition de chafan et arnevet, même si cette question ne change
rien à l'identification que nous en avons faite.
La traduction correcte de Lévitique 11, 4 à 6 est dès lors: <<Quant à ceux qui ne sont que ruminant ou ceux qui se tiennent
debout sur un pied corné, le chameau à une bosse (gamal)
, parce qu'il rumine mais ne se tient pas debout sur un pied corné (oufarsa
einenou mafriss) (…), le lama (chafan), parce qu'il rumine, mais ne se
tiendra pas debout sur un pied corné (oufarsa lo yafriss) .(…), le chameau
à deux bosses (arnevet), parce qu'il
rumine, mais ne se tenait pas debout sur un pied corné (oufarsa lo ifrissah):
il sera immonde pour vous; >>
Maintenant nous aimerions poser deux questions. Pour ceux qui pensent que la théorie de Wellhausen
n'est toujours pas morte et enterrée, et que la Torah est œuvre d'hommes (à D.ieu ne plaise!). Comment
expliquez vous que Moché, ou Ezra, ou votre mystérieux rédacteur pourrait
il savoir qu'il existe un troisième Tylopode animal qui rumine, n'a pas le
pied divisé en dessous et ne se tient pas debout sur des pieds cornés? Le
lama était totalement inconnu des habitants d'Europe, d'Asie et d'Afrique
à l'époque où votre mystérieux rédacteur aurait concocté sa copie, plus de
dix huit siècles avant la découverte de l'Amérique. Comment savait il qu'il
y avait un tel animal dans le Nouveau Monde alors qu'on ignorait jusqu'à l'existence
de ce continent?
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Cannibalisme
aztèque |
Notre seconde question s'adresse aux adeptes d'autres religions qui proclament
que la Torah était valable jusqu'à la venue de leur personnalité fondatrice
qui l'aurait rendue caduque.
A qui donc la Torah a-t-elle interdit de manger du lama?
Les Indiens d'Amérique ne connaissaient pas la Torah.
Ceux qui connaissaient la Torah n'ont
pas vu de lama avant que ne se soient écoulés plusieurs siècles depuis la
"refondation" du judaïsme autour des pères fondateurs de ces nouvelles
religions et donc bien après que la Torah n'ait perdu selon eux force de loi (à D.ieu ne plaise!).
A qui donc le lama
fut il interdit? La conclusion est claire: la Torah est entièrement valable. Et seul Celui Qui
a mis le lama sur les montagne des Andes l'a défendu aux Juifs sur le
Mont Sinaï. Il savait qu'un jour le lama serait connu des Juifs. |
Annexe:
le sabot de la vache.
Vous avez comme nous toujours voulu savoir à quoi ressemble ce sabot
fendu qui fait toute la différence entre l'animal cacher et ce'lui
qui ne l'est point. Nos reporters ont pris ce risque et sont allés
explorer les étables du net pour répondre à ces questions.
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Fendu
devant ... |
...
et jusque derrière. |
La
vache prend appui sur un sabot (de corne). |
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Un dossier préparé par K. Acher