La cacherouth Un
dossier préparé par K.
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Pas de doute chez Rabbi Méïr de Prémichlan
Toute
sa vie, Reb Méïr de Prémichlan fut indigent et subsista
I à grand peine. Si toutefois, il restait quelque chose après
son maigre repas, il le distribuait aussitôt aux pauvres de manière
à ce qu'il n'y ait pas un sou, la nuit, dans sa maison. Paru en français
aux Editions Colbo "Récits Hassidiques au fil de la Torah",
Un soir, ne pouvant trouver Ie sommeil, il se leva et demanda aux membres
de sa famille de fouiller pour vérifier si quelques pièces n'étaient
pas dissimulées quelque part. Comme de juste, on trouva un peu d'argent
qui fut aussitôt donné aux pauvres, et le Tsaddik put s'endormir
tranquillement.
Une fois, une femme arriva de Roumanie pour lui demander de la bénir
afin qu'elle ait un enfant. Reb Méïr lui donna sa bénédiction
afin que le Tout-Puissant réponde à ses prières.
Quelques mois plus tard, trois cents pièces d'argent arrivèrent
par courrier avec la lettre d'un inconnu, expliquant que, grâce à
la bénédiction du Tsaddik, sa femme avait donné le jour
à un fils, c'est pourquoi il envoyait ce cadeau.
Reb Méïr montra la lettre à ses fils en proclamant qu'elle
était "pleine d'erreurs"
Pour commencer, il m'appelle "Tsaddik", "saint homme, 'et à
l'avenant. Depuis quand suis-je un Tsaddik ou un saint homme ? De plus, le
contenu-même de la lettre est faux. Ai-je le pouvoir de bénir
les femmes stériles, et que leurs prières soient exaucées
? De toute évidence, ce n'est pas à moi que s'adresse l'auteur
de cette missive. C'est pourquoi je vais lui renvoyer cet argent.
Ses fils étaient hors d'eux.
Si le Tout puissant décidait de faire venir un peu d'argent dans leur
misérable maison, leur permettant ainsi de s'acheter le strict nécessaire,
pourquoi le refuser ?
Ils essayèrent de convaincre leur père mais celui-ci était
déterminé. Ils décidèrent, pour finir, de soumettre
le problème à un tribunal rabbinique composé de trois
juges qui trancheraient.
Après avoir pesé les arguments des deux parties, le tribunal
déclara que Reb Méïr avait parfaitement le droit d'utiliser
cet argent: même si, par modestie, il refusait le titre de Tsaddik,
il était certain que l'auteur de la lettre en jugeait autrement, et
que c'était bien à Reb Méïr qu'il pensait lorsqu'il
avait envoyé ce don.
De même, assuré comme il l'était que c'était la
bénédiction du Tsaddik qui avait causé sa bonne fortune,
c'était, à n'en pas douter, d'un cœur sincère et
désintéressé qu'il avait fait ce cadeau.
"Je voudrais tout de même demander à ma femme si, à
son avis, nous devons employer cet argent", reprit Reb Méïr.
On fit donc venir la Rebbetsen. Reb Méïr lui expliqua la teneur
de la cheèla (question) qu'il avait soumise à la cour et la
décision de celle- ci; puis il ajouta qu'il souhaitait connaître
son point de vue sur la question.
La Rebbetsen répondit : "Tu as toujours l'habitude, lorsqu'une
cheèla s'élève dans la cuisine, comme de savoir si un
poulet est cachère ou non, de n'en pas manger, même si un rabbin
décrète que c'est autorisé!".
Et le Tsaddik retourna le cadeau à son expéditeur.
Récit tiré de Sippourei hassidim al HaTorah de Rav Zevin.
ouvrage hautement recommandable.