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La
lettre du Baal Hatanya
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Maintenant
Rabbi Hirsch Leïb savait tout. Enfin presque tout. Il aurait bien
voulu voir la lettre du Baal Hatanya, le Rabbi Chnéour Zalman.
Le cho'het, lui ne souhaitait pas tellement la lui montrer; l'évocation
de cette lettre lui était déjà pénible, et
il redoutait de la revoir. Si près du but, Rabbi Hirsch Leïb
ne se laissa pas décourager, et le cho'het finit par admettre qu'ils
iraient voir la lettre chez le vieux 'Hassid. Mais il habite loin d'ici,
dans un petit village à plus de vingt milles de Lomzhe. Comment irons nous ? gémit-il.
En un clin d'oeil, Rabbi Hirsch Leïb avait entraîné
son ami dans la rue, accosté une diligence, et les voilà
en route. Le cocher se dirigea rapidement vers la sortie de la ville,
et le long voyage commença sous une pluie battante qui ne les quitta
pas jusqu'à leur arrivée, quelques cinq heures plus tard,
dans la nuit du petit village.
Quelques légers coups sur la porte, et celle ci s'ouvrit sur un
visage impressionnant. Le vieux 'Hassid, qui avait servi dans sa jeunesse
chez Rabbi Mena'hem Mendel de Vitebsk (13) et chez Rabbi Chnéour
Zalman de Lyadi (14 )les reçut joyeusement, leur tendit la main
et les installa rapidement devant une collation et une boisson chaude.
La glace dont leur barbe est éparse eut tôt fait de fondre,
et leurs os de se réchauffer. Le cho'het s'inquiéta de la
santé de son ami, de sa famille puis aborda le sujet qui justifie
leur visite si tardive.
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"Nous
sommes intéressés au plus haut point à voir la lettre
de Rabbi Chnéour Zalman concernant le guett passoul de Yekoutiel,
conclut il et
ceci touche au plus profond mon ami ci présent, Rabbi Hirsch Leïb."
Et d'enchaîner sur l'histoire de Moché Noa'h, et les paroles
de Rabbi Akiba Eigger. Le 'Hassid sursaute, tout comme à l'époque.
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"Comment
est il possible qu'un Rav ait marié cet homme sans se renseigner
sur lui? Et comment se peut il qu'un cho'het abatte de la viande sans
demander qui se marie et qui sont les participants ...?" Le cho'het
s'abrite à nouveau derrière le Rabbin qui pratiqua le mariage,
puis reprocha au 'Hassid de n'avoir pas donné plus de publicité
à la lettre du Baal Hatanya: on n'en serait pas arrivé là!
Après un bref échange de paroles, le vieux 'Hassid s'enfonça
dans ses pensées, puis sortit la lettre, qu'ils lurent ensemble,
mot à mot:
"J'ai été stupéfait
de voir, et désolé d'entendre cette histoire inouïe
qui s'est passée dans votre contrée, concernant une femme
répudiée par un Guett non conforme à la Sainte Torah,
qui ne mentionne que son nom Ra'hel: bien que son nom de naissance soit
effectivement Ra'hel, étant donné qu'elle est connue de
tous sous le nom de Roucha, son Guett est totalement invalide. C'est pourquoi,
il vous revient de tout faire pour empêcher cet homme de se remarier
(...), et d'interdire fermement à tout cho'het de pratiquer un
abattage de viande ou de volaille pour ce mariage, et s'il contrevenait,
à D.ieu ne plaise, sa viande serait Névéla -interdite
à la consommation"
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Rabbi Hirsch Leïb et le vieux cho'het éclatèrent en
sanglots, et les larmes coulèrent sur le vieux papier jauni de
la lettre du Saint Rabbi Chnéour Zalman.
Rabbi Hirsch Leïb prenait ainsi mesure de la force du Maître
Rabbi Akiba Eigger qui avait vu de si loin une telle chose. Il prit le
soir même le chemin du retour vers Lomzhe, laissant le cho'het se
reposer chez son ami, dans le village.
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Il
n'était plus préoccupé, maintenant, que de savoir
comment accomplir le sauvetage de son fils, par l'étude dans la
pauvreté, afin que D.ieu lui ouvre le coeur à la Torah.
Il arriva à Lomzhe tout juste à l'aube, pour se joindre
à son minyan habituel avec les Vatikim, ceux qui prient au lever
du soleil.
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Dans
le Chemoné Esré, il se répandit en pleurs, pour implorer
D.ieu de lui procurer l'intuition nécessaire: où envoyer
Moché Noa'h étudier pour mettre en pratique le conseil de
Rabbi Akiba Eigger. En arrivant au passage "veliyrouchalaïm
irekha" Rabbi Hirsch Leïb buta
sur les mots "et dans Jérusalem
... et dans Jérusalem Ta ville..." Serait une allusion d'en haut à ma prière ?
Il se mit à frissonner. Qui n'a entendu parler de la pauvreté
matérielle de la communauté de Jérusalem ? Qui n'a
entendu parler de la richesse spirituelle des juifs, ainsi que nous content
les rabbins et émissaires envoyés par les institutions pour
collecter les oboles ? Là bas, tout près de la Porte du
Ciel, ce sera certainement l'endroit convenable pour Moché Noa'h
pour qu'il puisse nous donner toute satisfaction comme un bon enfant juif.
Est ce possible que ma tefila ait déjà été
exaucée ?"
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L'exil
Ce jour même, Rabbi Hirsch Leïb aborda le sujet avec Moché
Noa'h, seul à seul.
"C'est
vrai , mon fils, que tu as beaucoup travaillé pour étudier la
Torah, mais à ma grande tristesse, tes efforts n'ont pas été
couronnés de succès. Ta mère, la Tsadkanit , la juste,
qui se fait tant de souci pour toi, a pris conseil chez un des Sages d'Israël,
qui lui a dit que seul l'exil dans un lieu de Torah et l'étude dans
la pauvreté peuvent te sauver".
Rabbi Hirsch Leïb se tut quelques instants. Ses yeux se fixèrent
dans le regard étonné de son fils, puis il reprit d'une voix
étranglée:
"C'est
vrai, mon cher fils, qu'il est dur, à ton âge, de quitter ses
parents pour partir en Erets Israël, ce lieu qui t'a été
désigné du ciel pour ton élévation spirituelle.
Mais saches que c'est encore plus dur pour tes parents, qui t'aiment de tout
leur coeur. Pourtant, c'est là bas seulement que tu pourras arriver
au vrai but de la création de l'homme, là bas
seulement que tu trouveras une guérison à ton mal: avec l'aide
de D.ieu tu y grandiras dans la Torah et tu deviendras un Grand de la communauté
d'Israël."
Moché Noa'h éclata en sanglots. Il avait à peine quinze
ans, et il était obligé de quitter la maison de ses parents,
de se séparer de ses frères si exemplaires, de ses soeurs si
affectionnées... mais il savait combien pire serait de rester toute
sa vie un Am Haarets, un ignare, . Moché Noa'h accepta avec amour la
décision de son père de partir en exil dans un lieu de Torah.
A cette époque, en Lithuanie, un groupe de Talmidei 'Hakhamim, sages
érudits, se préparaient à monter en Eretz Israël.
Rabbi
Hirsch Leïb eut tôt fait de se lier avec un des voyageurs, auquel
il raconta toute son histoire. Il lui confia son fils, avec pour seule consigne
de veiller sur lui jusqu'à ce qu'il lui trouve un compagnon d'études
convenable.
Quelques jours plus tard, toute la famille était là, sur le
quai pour accompagner Moché Noa'h. La séparation fut rude: Rabbi
Hirsch Leïb se mordait les lèvres pour se contenir, Ethel adressait
à son fils baisers et bénédictions, tandis que les frères
et soeurs faisaient des grands signes d'adieu, jusqu'à ce que le bateau
avec ses trente passagers juifs s'éloigne du port.
Il fallait à cette époque près de trois mois de bateau
pour accoster à Jaffa. Après quelques jours de repos, ils eurent
l'occasion de se joindre à une caravane qui partait pour Jérusalem,
(les chemins étaient alors incertains, et les pélerins se regroupaient
pour faire route avec un guide, sous bonne garde).
Chacun
prépara ses coffres et ses paniers, et parmi eux, Moché Noa'h
le plus jeune du groupe, qui outre un coffre plus haut que lui, tenait à
la main une lettre que son père lui avait recommandé de ne jamais
quitter, jusqu'à la remettre à son destinataire à Jérusalem.
Cette lettre de Rabbi Hirsch Leïb était envoyée à
une de ses connaissances, le Gaon et 'Hassid Rabbi Yaacov Koppel Chapira,
(le père du Tsaddik connu à Jérusalem, Rabbi Tsvi Mikhal),
et contenait en quelques lignes bien tracées,(A la façon des
textes manuscrits de certains contrats et des textes sacrés, qui doivent
être écrits sur un texte ligné)d'une écriture
droite, la recommandation suivante:
- "A
mon cher Ami, le respecté Gaon et Tsaddik
Rabbi Yaacov Koppel, que D.ieu lui accorde une longue vie.
Avec tout le respect pour un homme de Torah, et mes meilleurs souhaits
de paix pour lui et toute sa grande famille, je te confirme, selon les
termes de ma lettre précédente, que j'ai pu mettre à
exécution le projet dont je t'avais parlé, et mon fils
Moché Noa'h, porteur de la présente, monte à Jérusalem
avec les plus pures intentions et le projet de s'adonner à la Torah
dans les plus dures conditions. Je te redemande, cher ami, avec insistance,
de le garder comme la prunelle de tes yeux, de veiller à ce qu'il
ne cesse d'étudier la Torah, ne fut ce qu'un instant. Je te confie
la vie de mon fils, et te prie de le préserver de tous les dangers:
qu'il ne mange que de ton pain, ne boive que ce qui se boit chez toi,
et soit à tes côtés. Enseigne lui l'étude,
l'acharnement à l'étude, l'assiduité, et mets le
à l'écart du luxe et du laisser aller.
Comme je te l'ai écrit, nous avons également dans nos pays
d'exil ces qualités d'étude et de ferveur. Mais ce n'est
qu'à Jérusalem que l'on peut côtoyer la Torah et la
pauvreté, et c'est pourquoi je te le confie. Agis comme tu me l'as
proposé dans ta dernière lettre, où tu te proposes
de lui faire partager la vie de nos frères de Jérusalem
installés là bas à la porte des cieux, et D.ieu dans
Sa grande bonté lui viendra en aide et ouvrira son coeur à
la Torah, et ce sera là la plus grande récompense de ma
vie.
Ton ami respectueux,
ému au souvenir de ton père le Gaon et 'Hassid Rabbi Velvel
de Tiktin,
Hirsch Leïb Farber, de Lomzhe."
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De Lomzhe à Jérusalem
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- C'est
dans un nouvel univers que Moché Noa'h plongea dès son arrivée
à Jérusalem. Après quelques jours passés dans
la maison de Rabbi Yaacov Koppel, il était déjà imprégné
de sensations nouvelles qui bouleversaient son monde. La maisonnée
de ses parents était pourtant loin de tout luxe, et chacune des
dépenses quotidiennes y était mûrement débattue;
elle pouvait cependant passer pour un palais à côté
de ce qui se voyait chez Rabbi Yaacov Koppel. On était vraiment
à des milliers de kilomètres de ce qui se passait à
Lomzhe.
Chez ses parents, il y avait trois grandes chambres, et les murs crépis
étaient décorés de couleurs. Les lourdes armoires
de bois massif avaient des portes sculptées, et dans la salle à
manger, une longue table, avec des chaises assorties, une vaisselle de
porcelaine aux motifs bleus, des couverts en métal, des couteaux
qui coupent. Les enfants, quoique habillés modestement portaient
des vêtements agréables, sans reprises, des chaussures non
rapiécées. La nourriture elle même, était toujours
suffisante pour tous. Et pourtant, Rabbi Hirsch Leïb était
bien loin d'avoir le train de vie des riches de la ville. Plus encore,
sans sa position de Rav, il aurait certainement été considéré
comme un des pauvres de la ville, quoique partageant le sort de la classe
moyenne de Lomzhe, pour qui un sou était un sou !!
Ici à Jérusalem, la maison de Rabbi Yaacov Koppel comportait
une pièce et demi, dont les soupiraux arrivaient à grand
peine au niveau de la rue. Le crépi des murs avait certainement
existé un jour, lors de la construction de la maison. Quant aux
meubles de la maison, ils avaient une mine bien pitoyable: la seule table
était un assemblage ingénieux de poutres et de planches.
Les sièges consistaient dans les restes des chaises offertes lors
du mariage, trente ans auparavant. Les vêtements des enfants étaient
accrochés sur des clous de ci et de là, faute d'armoire.
Sur une lourde étagère on posait tous les soirs une lampe
à pétrole qui dispensait une bien pâle lueur qui donnait
cependant à tous une envie d'étude extraordinaire.
Quant aux vêtements, rien de comparable avec Lomzhe ! Quelques mois
avant une Bar Mitsvah, on soupesait déjà avec gravité
la possibilité d'acheter au garçon une nouvelle paire de
chaussures. Le reste du temps, on ne comptait plus les pièces recousues
sur les vêtements et chaussures des uns et des autres.
Bien que l'alimentation et le menu occupaient peu de place ici, il n'était
pas rare d'entendre Rabbi Yaacov Koppel et la maîtresse de maison
en discuter dans les détails. C'est ainsi que Moché Noa'h
entendit plus d'une fois la Rabbanite proclamer en début de semaine:
"cette fois, les enfants, nous ne pourrons pas acheter de lait. Il
faudra vous contenter d'eau avec un peu de vin fabriqué par Papa,
et D.ieu vous donnera des forces pour étudier la Torah!" Ou
encore:"hier tu as mangé la moitié d'un oeuf, aujourd'hui
il faut que tu la laisses pour ton frère ! Quant à Rabbi
Yaacov Koppel lui même, il pesait à chaque repas sa part,
un kazaït de pain;(volume d'une olive, approximé à
30 grammes, qui justifie une bénédiction après le
repas) , précisément, juste de quoi faire Bircat
Hamazone après son seul repas de la journée.
Au début, Moché Noa'h fut effrayé de ce mode de vie.
Il avait des vertiges à la seule vue de cette table vide, et se
demandait combien de temps il tiendrait avant d'être obligé
de retourner à Lomzhe. Puis il se rendit compte que les enfants
de la maison tenaient le coup, et mieux que lui et ses frères qui
consommaient de la viande et un plat chaud tous les jours. Il admit que
la vie spirituelle, le repos de l'esprit et la volonté font partie
des ingrédients d'une bonne santé.
"Les
visages de ces enfants affamés ne brillent ils pas plus que ceux
des enfants de Lomzhe rassasiés ?" se
disait Moché Noa'h.
- "D'où
ces enfants de Jérusalem tiennent ils ce regard lumineux et ces
forces pour étudier la Torah avec tant d'énergie, tout le
jour et tard le soir ?
- Serait
ce dans ces monotones tranches de pain noir trempées dans de l'huile
et tartinées de jus d'ail ou je ne sais quel autre légume
?
- D'où
leur vient ce visage noble et calme le Chabbat et les jours de Fêtes?
- Seraient
ce leurs vêtements on ne peut plus rapiécés ?
- Et
ce sourire de satisfaction lorsqu'ils répètent le soir devant
leur père, de leur voix chantonnante, les questions du Maharcha
ou les raisonnements du Pnéi Yechoua qu'ils ont entendu au 'Héder
?"
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- Petit
à petit, Moché Noa'h s'éveilla à cette nouvelle
atmosphère qui faisait des petits enfants de Jérusalem des
êtres exceptionnels: son âme "s'alluma" lentement,
et ses interrogations s'évanouirent d'elles mêmes.
Jérusalem, la ville des Prophètes, résidence des
rois de Judah, foyer des Tanaïm,(rédacteurs de la Michnah,
première compilation écrite de la Loi Orale, sous l'impulsion
de Rabbi Yéhoudah Hanassi, contemporain d'Antonin) qu'il connaissait
tant par le Tanakh,(initiales des trois livres de Torah, Neviim, Ketouvim,
Pentateuque Prophètes et Hagiographes qui constituent la Bible)
cette ville toute en esprit et en sainteté, avait maintenant conquis
son coeur.
Il percevait Rabbi Yaacov Koppel, à qui son père l'avait
adressé, comme son sauveur. Il étudiait maintenant quinze
heures par jour, et sentait à quel point ces tartines de pain trempées
dans de l'huile lui procuraient force et ardeur à la tâche.
Le corps et l'esprit sain, heureux, il se sentait progresser dans l'étude,
s'accrocher à tous les 'Hiddouchim, sans en perdre un brin, raisonner
juste. Il rattrapa puis dépassa les enfants de son âge ...
Celà faisait maintenant trois ans que Moché Noa'h étudiait
régulièrement avec son bienfaiteur Rabbi Yaacov Koppel,
trois heures et demi d'affilée, dans le Beth Hamidrach "le
Consolateur de Sion". La différence d'âge entre les
deux semblait s'estomper au fil des pages, des discussions et 'Hiddouchim.
- Moché
Noa'h était devenu un autre être, et sa seule aspiration
était de continuer son ascension. Jusqu'au jour où Rabbi
Yaacov Koppel lui fit comprendre que le moment était arrivé
... Nos Sages n'ont ils pas enseigné "âgé
de dix huit ans, c'est le mariage". Et
à Jérusalem à l'époque, on ne discutait pas
avec celà!
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La
pierre précieuse
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Moché Noa'h comprit de suite l'allusion. Mais était ce bien
à lui de s'en occuper ? En était il même capable ?
Comme lisant dans sa pensée, son maître et compagnon d'étude
lui suggéra d'aller rendre visite au Rav de la ville, le Gaon Rabbi
Chmouel Salent.
Une semaine plus tard, face au Rav, toutes les appréhensions de
Moché Noa'h s'effacèrent: conquis par l'étendue des
connaissances du jeune homme et sa vive intelligence, le Rav sera lui
même le Chadkhan,( marieur, ancêtre de nos agences matrimoniales.).
Et quelques jours plus tard, on célébra les fiançailles
de Moché Noa'h avec la fille du Tsaddik Rabbi Yossef Kovner, de
Jérusalem.
Dans la lettre qu'il adressa à ses parents à cette occasion,
Moché Noa'h écrivit:
"A
mon cher Père, mon Maître, et à ma chère Mère,
Ce n'est que maintenant que je prends la mesure de ce que vous avez fait
pour moi, alors, en me forçant à me séparer de vous
et de mes frères et soeurs, car de n'est que la Torah que j'ai
apprise ici, dans la difficulté, qui m'a sauvé, et qui sera
mon seul mérite durant toute ma vie, ici à Jérusalem
où je souhaite habiter avec la future épouse que D.ieu m'a
donnée. Soyez rassurés et reposés, et que D.ieu ne
vous donne que du bonheur de moi et de tous vos enfants, en tous temps.
Votre fils, Moché Noa'h."
- Lorsque
cette année là, Rabbi Chmouel Salent dut sortir du pays
pour visiter les communautés de l'exil au profit des institutions
de Jérusalem, il passa également à Lomzhe, et visita
les parents de Moché Noa'h, Rabbi Hirsch Leïb et sa femme
Ethel. Il leur annonça la bonne nouvelle:
- "c'est
une pierre précieuse, un trésor inestimable, que vous avez
dans la Ville Sainte".
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Fin